Evasion spectaculaire de neuf détenus de la Salafiya
L’épisode des recherches a commencé
La prison centrale de Kénitra a été le théâtre, lundi matin, d’une évasion spectaculaire de 9 membres du groupe de la « Salafiya Jihadia » impliqués dans les attentats meurtriers du 16 mai 2003 à Casablanca et condamnés à de lourdes peines de prison allant de la peine capitale à la perpétuité.
Cette « grande évasion », digne des grands films hollywoodiens consacrés à ce genre d’opération, a été annoncée dans un communiqué rendu public par le ministère de la Justice qui précise que tout les dispositions ont été prises pour rechercher les fugitifs. Le corps de la gendarmerie et les différents services de la police ont été mobilisés à cette fin avec les moyens conséquents pour ce genre d’opération.
Le ciel de Kénitra était sillonné par des hélicoptères qui tentaient de repérer les fugitifs ou les indices de cette évasion qui a laissé sidérés les responsables et le public autant par le nombre d’évadés que par les moyens que ces derniers ont utilisés pour se faufiler à travers une galerie souterraine qu’ils ont creusée à partir de leur cellule n° 46 au quartier A de la prison jusqu’au jardin du directeur de ce pénitencier.
Le message laissé par les fugitifs ajoute au caractère spectaculaire de cette opération.
L’écriture sur le mur de la cellule fait état du traitement infligé aux membres du groupe et le regret de celui-ci à propos du « dérangement » causé par cette évasion. Selon certaines sources, les fugitifs, au nombre de neuf, sont Abdelhadi Dahbi, condamné à mort, Abdellah Boughmir, Hicham Alami, Mohamed Mahim, condamnés à perpétuité, Kamal et Mohammed Chabli, Hamou Hassani, Tarik Yakiaoui et Mohammed Chadili. Certains de ces condamnés évadés appartiennent à la « cellule d’Agadir », dont certains membres sont accusés d’avoir tué une touriste française sur la plage de cette ville.
Selon des sources, les fugitifs auraient creusé dans le sous-sol de la prison une galerie longue de 25 à 30 m passant sous les murs de celle-ci. Il n’a pas été fait état, jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse, du matériel utilisé par les évadés et on estime que l’opération aurait nécessité 5 mois environ et un travail méticuleux pour dissimuler la terre dégagée par le creusement de la galerie. Certains observateurs avancent qu’il n’est pas exclu que l’évasion eut pu avoir une relation avec l’organisation d’Al Qaïda dans le Maghreb, à l’instar de l’opération similaire qui a eu lieu en Mauritanie.
La gendarmerie et les services de sécurité marocains ont dressé des barrages à l’entrée des grandes villes du Maroc et renforcé la surveillance dans les régions orientales du pays et le long de la frontière avec l’Algérie, ainsi qu’au Nord dans les zones tampon avec les villes de Sebta et Mellilia.
A rappeler que les détenus islamistes marocains sont estimés à 900 répartis sur une dizaine de prisons.
Spectaculaire à plus d’un titre, l’évasion de la prison centrale de Kénitra a sidéré et laissé perplexe le public qui s’étonne qu’à aucun moment les évadés alors en besogne dans une opération nécessitant des préparatifs et des moyens ostentatoires, n’ait soulevé les soupçons des gardiens. Il est bien sûr trop tôt pour prédire d’une quelconque implication des fonctionnaires de la prison dans cette évasion, mais l’enquête ouverte pourrait révéler des faits qui expliqueraient la facilité et la quiétude dans lesquelles cette évasion
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